La méditation est-elle dangereuse de la façon dont on en parle aujourd’hui dans la presse ? Non.
Y a-t-il des dangers, des risques, des incompréhensions ? Oui. Alors quels sont-ils réellement ?
De quel type de méditation parle-t'on ? Il existe de nombreuses formes de méditations, ici je ne parle que de méditation de pleine conscience (pleine présence, mindfulness) ou de pratiques d'attention, proposée par des professionnels qualifiés (souvent professionnels de santé ou psychologues). Je ne parle pas des autres types de méditation que je ne connais pas. Attention également à l'utilisation du terme "pleine consciences" par des personnes non qualifiées dans le milieu "New Age".
Les dangers :
Un couteau n’est qu’un outil. Est-il dangereux ? Cela dépend de l’intention de celui qui le tient, mais aussi de l'apprentissage pour le tenir et l'utiliser correctement. Il peut blesser quelqu’un ou couper un morceau d'un aliment pour le partager. La méditation n’est qu’une pratique, un « outil ». Alors, oui. Comme pour tout, cela dépend de l’intention derrière la pratique et de son bon apprentissage. En revanche, les personnes qui guident ces pratiques, sont formées et supervisées lorsqu’elles interviennent auprès de malades, d’enfants, d’adolescents ou d’adultes et leurs compétences sont vérifiées. Si vous avez des inquiétudes, n'hésitez pas à leur poser des questions. Nous développons un cadre éthique qui prend socle sur le développement de cette pratique dans le milieu médical. Le premier à avoir introduit et laïcisé la méditation dans le milieu médical est le Professeur Jon Kabat Zinn, il a fondé la Clinique de réduction du Stress, au sein de l’Université du Massachussetts (de son programme MBSR, découlent des milliers d'études et de nombreuses données scientifiques). Cette éthique nous prémunir contre le principal danger qui actuellement, n’est pas de pratiquer avec les enfants, mais l’instrumentalisation de la pratique. Il existe des personnes qui pensent qu’elle va rendre les employés plus compétitifs, qu’ils vont mieux supporter des conditions de travail difficiles sans chercher à les améliorer. Il existe des personnes qui pensent qu’elle va rendre les enfants plus calmes, alors que l’agitation peut venir de l’excès d’écran, de la sédentarité et de l’excès de sucre. D'autres voudraient que les enfants soient comme des minis adultes et restent tranquilles. Mais la méditation n’est pas une baguette magique.
Les risques :
La pratique comporte t’elle des risques ? Oui. Il existe quelques contre-indications concernant principalement les programmes pour adultes, comme la dépression en phase aigüe, le risque dissociatif (schizophrénie), les chocs post-traumatiques en phase aiguë. Nous vérifions cela avant nos interventions.
Les mauvaises compréhensions :
Existe-il de mauvaises interprétations ou compréhensions de la méditation ? Oui, c’est pour cela que les formations sont nécessaires pour les instructeurs et que leurs enseignements sont importants lorsque l’on débute la pratique. Allons-nous faire le vide ou arrêter de penser ? Non. Allons-nous « gérer » les émotions ou le stress ? Non. Allons-nous devenir calmes ? Non. Pratiquer dans ces objectifs est contraire à l’esprit même de la pratique. La méditation est quelque-chose que nous avons tous déjà expérimenté sans le savoir : être attentif et ouvert à ce qui se passe en nous et autour de nous. C’est ce que l’on expérimente parfois, par exemple, devant un coucher de soleil. Simplement, nous savons aujourd'hui que cultiver cette qualité d’attention dans notre quotidien, que le ressenti soit agréable, désagréable ou neutre, va développer notre attention à nous même, aux autres et au monde. Nous ne pouvons pas empêcher l’esprit critique avec la méditation. Nous le cultivons. En effet, la pratique régulière nous aide à nous connaitre, dans notre singularité et à nous aimer tel que nous sommes, c’est-à-dire humain, avec nos parts de lumière et nos parts d’ombre. Nous apprenons à connaitre et respecter nos valeurs, nos besoins, nos limites. Nous sommes alors plus à même de respecter les autres et notre environnement. Nous apprenons à sentir ce qui nous fait vibrer, nous convient et sommes plus capables de faire preuve de discernement, de voir les choses globalement, de prendre des décisions alignées et bonnes pour nous. Elle nous permet d’allier nos différentes intelligences : mentale, émotionnelle et corporelle, plutôt que de ne fonctionner qu’avec notre tête. Etant plus à l’écoute de notre corps, nous sommes également plus à même de prendre soin de notre santé.
Alors en tant qu’adultes, préparons nous. Car il va nous falloir accepter que nos enfants, nos ados, qui méditent soient moins dociles. Il va falloir être prêts à les entendre ne pas être d’accord avec nous. Il va nous falloir être prêts à les entendre nous dire "Non". Il va falloir être prêts à accepter qu’ils soient maîtres de leurs choix de vie, même si cela ne correspond pas à nos attentes sociales ou à ce que l’on imagine pour eux. Ils deviendront des adultes plus libres. L’étude menée par Eline Snell pendant 20 ans dans les écoles hollandaises, a montré que les enfants qui méditent sont plus créatifs, bienveillants et qu’ils choisissent des métiers plus originaux, coopératifs, respectueux d’eux même et de la nature. Alors est-ce que méditer avec les enfants, n’est pas plutôt une façon de les préparer aux défis du monde que nous leur laissons ? Voire leur permettre d'en créer un plus respectueux ? Est-ce que méditer avec nos enfants, n'est pas plutôt une façon de nous préparer à les accepter tels qu'ils sont ?
Valérie Marchand Dr en Pharmacie, Instructrice de méditation, maman d'un ado qui médite depuis presque 10 ans et auteure de « Je choisi ma voie et je prépare mes examens », « Je fais la paix avec mes émotions », « Je fais la paix avec mon corps, «4 saisons de méditations avec les enfants », …